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COP30 : Enjeux Majeurs à Belém pour le Financement Climatique et l'Ambition 1,5°C

Marc-Antoine LebrunRédacteur en chef
Mis à jour le: 14/11/2025 23:06:51

Cop30 : enjeux cruciaux à Belém, le financement climatique et l'ambition de 1,5 °C au cœur des débats

La 30e Conférence des Parties (COP30) à la CCNUCC, qui se tiendra à Belém, au Brésil, s'annonce comme l'un des sommets sur le climat les plus déterminants depuis la signature de l'Accord de Paris. Niché au cœur de l'Amazonie, le lieu même est un symbole puissant de ce qui est en jeu. Alors que les dirigeants mondiaux se réuniront, deux questions monumentales domineront l'ordre du jour : l'établissement d'un nouvel objectif de financement climatique de plusieurs milliers de milliards de dollars et la soumission de plans climatiques nationaux plus ambitieux, qui sont nécessaires de toute urgence. Suite à l'avertissement sévère du premier Bilan mondial, qui a confirmé que le monde est dangereusement loin du compte, la COP30 représente une échéance cruciale pour se réengager envers l'objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Le succès ou l'échec de ces négociations se répercutera pendant des décennies, définissant la faisabilité d'un avenir vivable et équitable.

La question à plusieurs milliers de milliards de dollars : tracer une nouvelle voie pour le financement climatique

Pendant des années, la promesse de 100 milliards de dollars par an de financement climatique des pays développés vers les pays en développement a été une pierre angulaire des négociations sur le climat — et un point constant d'échec et de méfiance, car l'objectif a rarement été atteint. La COP30 doit présenter son successeur : le Nouvel objectif collectif et quantifié (NCQG) sur le financement climatique. Ce nouvel objectif ne se résume pas à un chiffre plus élevé ; il s'agit de repenser l'architecture du financement climatique mondial pour répondre aux besoins astronomiques d'une planète en crise.

Des milliards aux milliers de milliards : le Nouvel objectif collectif et quantifié (NCQG)

L'ampleur du défi climatique exige un changement d'échelle radical dans la mobilisation financière. Si le chiffre de 100 milliards de dollars était politiquement symbolique, les évaluations scientifiques et économiques montrent que le besoin réel est de plusieurs ordres de grandeur supérieur. Les pays en développement, dont beaucoup ont le moins contribué au changement climatique mais en subissent les pires impacts, ont besoin de milliers de milliards de dollars par an pour construire des systèmes d'énergie renouvelable, adapter leurs infrastructures aux conditions météorologiques extrêmes et faire face aux pertes et préjudices irréversibles.

Les négociations en amont de la COP30, en particulier lors de la COP29 à Bakou, ont préparé le terrain pour un débat tendu mais essentiel. Les pays en développement, représentés par des groupes comme le G77 et la Chine, plaident pour un chiffre global dépassant 1 300 milliards de dollars par an. Ce financement est essentiel non seulement pour l'action climatique, mais aussi comme une question de justice et d'équité, permettant aux pays de poursuivre un développement durable sans être enfermés dans des trajectoires dépendantes des combustibles fossiles.

Qu'est-ce que le NCQG ?

Le Nouvel objectif collectif et quantifié (NCQG) sur le financement climatique est le successeur de l’engagement pris par les pays développés de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour les pays en développement. Il vise à fixer un nouvel objectif plus ambitieux et plus efficace à partir de 2025 pour financer l’action climatique. Fait essentiel, il doit couvrir l’ensemble des besoins : l’atténuation (réduction des émissions), l’adaptation (renforcement de la résilience) et la prise en charge des pertes et préjudices liés aux impacts climatiques.

Principaux points de blocage dans les négociations financières

La finalisation du NCQG est d'une grande complexité. Les principaux points de désaccord que les négociateurs à Belém devront résoudre incluent :

  • Le quantum : le montant total de l'objectif. Se chiffrera-t-il en centaines de milliards ou franchira-t-il le seuil des mille milliards de dollars ?
  • La base des contributeurs : qui doit payer ? Historiquement, la responsabilité incombait aux pays développés. Cependant, certains soutiennent aujourd'hui que les grandes économies émergentes à fortes émissions devraient également contribuer, une proposition à laquelle s'opposent fermement les pays en développement, qui invoquent la responsabilité historique.
  • La qualité du financement : l'équilibre entre les dons et les prêts est crucial. Les pays en développement plaident fortement pour un financement sous forme de dons, en particulier pour l'adaptation, afin d'éviter d'accumuler une dette insoutenable.
  • L'allocation : comment les fonds seront répartis entre l'atténuation, l'adaptation et le Fonds pour les pertes et préjudices, relativement nouveau. Un déséquilibre historique a fait que l'adaptation a toujours été sous-financée par rapport aux projets d'atténuation.

Maintenir l'objectif de 1,5 °C : le rôle crucial des nouveaux engagements climatiques

Le deuxième pilier de la COP30 est l'ambition. Le sommet constitue la date limite pour que les pays soumettent une nouvelle série de Contributions déterminées au niveau national (CDN) — leurs plans d'action climatique nationaux dans le cadre de l'Accord de Paris. Il ne s'agit pas de simples mises à jour de routine ; elles représentent la dernière grande chance collective pour le monde de corriger le tir et de maintenir la limite de réchauffement de 1,5 °C à portée de main.

Répondre au Bilan mondial

Lors de la COP28 à Dubaï, le tout premier Bilan mondial a rendu un verdict sans appel : le monde est en train d'échouer. Le Bilan mondial était une évaluation complète des progrès réalisés depuis l'Accord de Paris, et il a conclu que les politiques actuelles placent la planète sur une trajectoire de réchauffement catastrophique de 2,5 à 3,0 °C. Cette dure réalité exerce une pression immense sur les CDN attendues pour la COP30. Les nations sont désormais tenues de soumettre des plans non seulement plus ambitieux, mais aussi explicitement alignés sur les conclusions du Bilan mondial et l'objectif de 1,5 °C.

Qu'est-ce qu'une CDN « alignée sur l'objectif de 1,5 °C » ?

Une CDN à la hauteur du défi de 1,5 °C doit aller bien au-delà des améliorations progressives. Les éléments clés que les climatologues et la société civile attendront sont notamment :

  • Des objectifs à l'échelle de l'économie : des objectifs de réduction absolue des émissions couvrant tous les secteurs de l'économie, y compris l'industrie, l'agriculture et les transports.
  • La sortie des combustibles fossiles : un plan clair et assorti d'un calendrier pour abandonner le charbon, le pétrole et le gaz, conformément au consensus atteint à la COP28. Cela signifie aucun nouveau projet de combustibles fossiles et une baisse planifiée de la production existante.
  • La révolution des énergies renouvelables : des objectifs ambitieux visant à tripler la capacité mondiale d'énergie renouvelable et à doubler le taux d'amélioration de l'efficacité énergétique d'ici 2030.
  • La nature et l'adaptation : une forte inclusion de solutions fondées sur la nature, comme la fin de la déforestation, et des plans robustes pour l'adaptation au climat, soutenus par des demandes financières adéquates.
Le déficit d'ambition

Le rapport de l’ONU sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions montre constamment un fossé immense entre les engagements climatiques actuels et les réductions d’émissions nécessaires pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. Le rapport avertit que si les émissions ne diminuent pas d’au moins 42 % d’ici 2030, l’objectif sera perdu. L’incapacité des grandes économies à soumettre des CDN très ambitieuses avant la date limite de la COP30 pourrait rendre cet objectif climatique crucial définitivement hors de portée.

La présidence brésilienne : un coup de projecteur sur l'Amazonie et la transition juste

Le pays hôte d'une COP façonne souvent ses priorités et son ton. La présidence du Brésil, avec un sommet organisé dans la ville amazonienne de Belém, devrait mettre un coup de projecteur puissant sur les crises interdépendantes du changement climatique et de la perte de biodiversité.

L'importance de Belém

Organiser la plus importante conférence mondiale sur le climat dans une ville porte d'entrée de la forêt amazonienne est profondément symbolique. Cela force les négociateurs à se confronter à la réalité de la déforestation et à ses implications climatiques mondiales. Le gouvernement du président Luiz Inácio Lula da Silva devrait défendre des programmes axés sur :

  • La fin de la déforestation : utiliser cette tribune pour bâtir des coalitions mondiales et des mécanismes financiers afin de protéger l'Amazonie et d'autres écosystèmes vitaux.
  • La bioéconomie : promouvoir des modèles économiques durables qui fonctionnent avec la nature plutôt qu'en la détruisant.
  • Les droits des peuples autochtones : souligner le rôle crucial que jouent les communautés autochtones en tant que gardiennes des forêts et de la biodiversité mondiales.
Groupe de parties prenantesPrincipale attente pour la COP30
Pays développés S'engager sur un NCQG d'un montant élevé, clarifier les sources de financement public et soumettre des CDN ambitieuses et alignées sur 1,5 °C.
Pays en développement Obtenir un objectif de financement (NCQG) robuste et accessible, principalement basé sur des dons, en particulier pour l'adaptation et les pertes et préjudices.
Société civile et militants Exiger une sortie rapide et équitable des combustibles fossiles, la redevabilité pour tous les engagements, et la protection des droits humains et autochtones.
Secteur privé Rechercher des signaux politiques clairs et des cadres réglementaires qui réduisent les risques et encouragent les investissements massifs dans les technologies et infrastructures vertes.

En route pour Belém : un moment décisif pour l'action climatique mondiale

La COP30 est plus qu'une simple réunion de plus. C'est le moment où l'Accord de Paris passe véritablement à l'épreuve des faits. Les négociations détaillées sur le NCQG détermineront si les pays en développement disposent des ressources nécessaires pour s'engager dans la lutte climatique, tandis que l'ambition collective des nouvelles CDN décidera si l'objectif de 1,5 °C reste une cible viable. Les décisions prises à Belém montreront si la communauté mondiale peut s'unir pour faire face à la crise climatique avec l'urgence et à l'échelle qu'exigent la science et la justice.

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Marc-Antoine Lebrun
Rédacteur en chef
Passionné de finance et de nouvelles technologies depuis de nombreuses années, j’aime explorer et approfondir ces univers fascinants afin de les décrypter. Curieux et toujours en quête de connaissances, je m’intéresse particulièrement aux crypto-monnaies, à la blockchain et à l’intelligence artificielle. Mon objectif : comprendre et partager les innovations qui façonnent notre futur.